Quoi de neuf sur la planète responsable?

Biomimétisme, recyclage, fundraising… Voici une sélection d’actualités qu’il ne fallait pas manquer ces deux dernières semaines.

À l’occasion de son centième numéro, “Tendances de l’innovation sociétale” vous propose gratuitement cet article.

Biomimétisme. Ford s’attache à comprendre les geckos

Améliorer la recyclabilité de ses composants automobiles. C’est l’objectif du constructeur américain Ford, qui cherche à supprimer les solvants utilisés pour assembler mousses, plastiques et métaux, qui compliquent le désassemblage, donc le recyclage. Et c’est auprès des geckosque les équipes de recherche de Ford espèrent trouver une réponse. Grâce à leur morphologie singulière et la magie de leurs sétules, de minuscules poils hérissés sous leurs doigts, ces reptiles peuvent adhérer à n’importe quelle surface. Un seul doigt, leur permet également de soutenir l’ensemble du poids de leur corps, pouvant aller jusqu’à 170 kilos à l’âge adulte.

Ford partagera les fruits de sa recherche avec Procter&Gamble, également partenaire de ce projet, dont le montant n’a pas été divulgué. Comme le rappelle Ford dans son communiqué, la nature a toujours inspiré les innovations industrielles: du velcro copiant le caractère agrippant des fleurs de bardane aux ingénieurs japonais qui ont imité la forme du bec du martin-pêcheur pour construire le train à grande vitesse Shinkansen.

Carton Rouge. H&M en retard sur la sécurisation des usines au Bangladesh

Deux ans et demi après l’effondrement du Rana Plaza, une coalition d’ONG (Clean Clothes Campaign, International Labor Rights Forum, Maquila Solidarity Network et Worker Rights Consortium) pointe du doigt les retards d’H&M dans la mise en place de l’Accord sur la sécurité des bâtiments et la protection contre les incendies au Bangladesh. Initié après la catastrophe, cet accord auquel 190 marques ont adhéré, prévoit l’inspection indépendante d’usines textiles et leur remise aux normes progressive. Mais selon un rapport [pdf] de cette coalition, la mise en place de porte anti-feu, l’amélioration des sorties de secours, la protection des escaliers de secours connaîssent des retards significatifs qui mettent en péril les ouvriers. H&M, qui n’était pas impliqué dans la catastrophe du Rana Plaza est le premier acheteur de vêtements bangladais et a déjà connu en 2010 un incendie chez l’un de ses fournisseurs (Garib &Garib), dont l’usine n’était pas aux normes. Le géant suédois du prêt à porter vient de reconnaître les retards tout en se défendant d’être inactif et estime que 60% des travaux de mise en conformité ont déjà été effectués.

Notation. L’agence Vigeo fusionne avec Eiris

Créer une “agence européenne d’envergure mondiale”, voilà l’objectif des deux agences de notation extra-financière Vigeo et Eiris, qui ont annoncé leur fusion le 12 octobre 2015. Ce rapprochement entre l’agence française créée en 2002 par Nicole Notat et son homologue britannique permettra à la nouvelle entité de changer de taille et d’échelle dans un contexte de mondialisation et d’intensification de la concurrence sur le marché de l’Investissement socialement responsable (ISR). “La nouvelle entité disposera des moyens nécessaires à son développement futur, à travers la levée, par Vigeo, de 6,3 millions d’euros dans le cadre d’une augmentation de capital, utilisés en partie pour le financement de l’acquisition d’Eiris, mais également pour assurer les investissements à venir de Vigeo-Eiris”, a expliqué Vigeo dans un communiqué de presse.

Reporting. Des multinationales de l’agroalimentaire communiqueront sur leur risque eau

Sept grandes entreprises du secteur des boissons et de l’agroalimentaire (Dr Pepper Snapple Group, Hain Celestial, Hormel Foods Corp., Kraft Heinz, Pinnacle Foods, Tyson Foods, et WhiteWave Foods) ont accepté de publier des informations relatives à la manière dont elles évaluent et gèrent leur risque eau. Elles accèdent ainsi à la demande d’un groupe de 60 investisseurs avec 2600 milliards de dollars d’actifs sous gestion, inquiets des conséquences économiques des sécheresses et de la compétition pour l’eau potable dans certaines régions. Ces entreprises répondront notamment au questionnaire de l’ONG CDP en 2016 sur cette thématique.

Consommation. Des biscuits “moches” bientôt en vente

Leur forme n’est pas parfaite mais leur goût est inchangé. Après le succès de son opération “fruits et légumes moches“, qui s’est étendu aux camemberts et aux céréales, le groupement de distributeurs Intermarché lance les biscuits moches. Du 3 au 8 novembre 2015, 146 magasins Intermarché de la région parisienne proposeront donc à leurs clients ces biscuits cassés pendant la fabrication ou le transport, pour un prix 30% moins cher. Une façon efficace de lutter contre le gaspillage alimentaire tout en bénéficiant au pouvoir d’achat des Français.

Fundraising. C’est parti pour un Movember sportif

Move. C’est le nom de la nouvelle initiative signée “Movember” (ou en français “Movembre”), la grande opération de récolte de fonds en faveur de la santé masculine, qui a déjà permis de lever 485 millions d’euros depuis 2003 et de financer un millier de projets dans le monde. Movember encourage chaque année, en novembre, les hommes à se laisser pousser la moustache. Une manière efficace et virale de faire de chaque participant un porte-parole de la santé masculine.

La fondation Movember investit en effet dans la recherche sur le cancer de la prostate et des testicules, la santé mentale et la lutte contre l’inactivité physique. L’opération Move vise sur ce dernier point à encourager les Mo Bros et les Mo Sistas (qui désignent les participants à l’action) à pratiquer une activité physique tous les jours pendant 30 jours. L’idée étant de partager ses prouesses sur les réseaux sociaux pour encourager chacun à faire un don pour la cause.

Recyclage. Tesco fabrique des sacs en plastique recyclé

Le géant britannique de la grande distribution Tesco utilise ses palettes pour en fabriquer des sacs plastiques, vendus en magasin aux consommateurs depuis octobre 2015 outre-Manche. Les matériaux plastiques sont collectés et triés par la firme de recyclage Eurokey et transformés en sacs par Papier Mettler, en Allemagne. La presse spécialisée britannique célèbre cette “initiative d’économie circulaire”, bien qu’aucune précision n’ai été apportée sur le devenir de ces sacs après avoir été utilisés par les consommateurs…

Cette annonce intervient alors qu’une nouvelle taxe est entrée en vigueur en Angleterre le 5 octobre. Elle impose aux clients des supermarchés de s’acquitter de 5 cinq centimes de livres (six centimes d’euros) par sac plastique, dans un objectif de réduction des déchets. Selon la BBC, le nombre de sacs plastiques distribués dans les supermarchés en Angleterre a en effet atteint 7,64 milliards en 2014, soit 200 millions de plus qu’en 2013.

Partenariat. Un nouveau groupe de travail sur les cosmétiques durables

L’association britannique de promotion de la RSE Forum for the Future (FFF), formera un groupe de travail en décembre 2015 en vue d’améliorer la durabilité des produits d’hygiène et de cosmétique, à l’échelle du secteur. L’aboutissement d’un travail de plusieurs mois pendant lesquels Walmart et Target ont réunis des parties prenantes de toute la chaîne de valeur; fournisseurs, scientifiques en passant par les consommateurs pour analyser les défis et les opportunités du secteur en vue d’améliorer la durabilité de leurs produits.

Dans un récent rapport, le FFF identifiait trois difficultés principales : le manque d’information entre les maillons de la chaîne, l’absence de critères partagés pour évaluer la durabilité des biens et le besoin d’innovation, afin de trouver de nouveaux conservateurs pour les cosmétiques, par exemple. Le nouveau groupe devra donc trouver une cohérence aux initiatives existantes pour maximiser l’impact et développer des mesures collaboratives en vue de mettre au point de nouveaux ingrédients. Point notable, le groupement envisage de mettre en commun la propriété intellectuelle de certains ingrédients et de grouper ses achats. Reste à voir si ce partage bénéficiera à une majorité de fabricants ou à quelques happy fews.